Les effets contextuels en kinésithérapie : un levier thérapeutique à part entière

L’article de Poulter et al. (2025) propose une lecture à la fois éclairante et provocatrice sur un sujet que l’on croit souvent maîtriser en tant que médecin ou kinésithérapeute : l’influence du contexte thérapeutique. Et si une part importante des résultats de nos traitements ne dépendait pas uniquement de ce que nous faisons, mais de la manière dont nous le faisons, et du cadre dans lequel cela s’inscrit ?

Loin de n’être que des effets souvent appelés de façon réductrice « effet placebo », les effets contextuels méritent d’être considérés comme un outil puissant et scientifiquement validé.

Par Arnaud Van Marcke et Frédéric Srour.

.

Les effets contextuels en kinésithérapie : un levier thérapeutique à part entière
Les effets contextuels en kinésithérapie : un levier thérapeutique à part entière

Les effets contextuels : ni accessoire, ni artificiel

Par définition, les effets contextuels englobent tout ce qui entoure l’intervention thérapeutique : la relation patient-thérapeute, la communication verbale et non verbale, les attentes mutuelles, l’environnement, les croyances – autant d’éléments qui influencent la réponse du système nerveux central au traitement mis en place.

Ces facteurs activent des circuits neurobiologiques impliqués dans la modulation de la douleur, de la motivation et du comportement, via des systèmes aussi concrets que les opioïdes endogènes ou la dopamine.

Ce que l’article nous invite à comprendre, c’est que ces effets ne sont ni anecdotiques, ni secondaires. Ils ne faussent pas l’intervention : ils la composent.

Le rôle central du thérapeute : présence, cohérence, engagement

En tant que kinésithérapeutes, nous sommes souvent focalisés sur les paramètres techniques de nos soins. Pourtant, l’article montre que nos propres croyances, notre degré d’engagement et notre façon de communiquer influencent fortement les résultats.

Un kinésithérapeute qui croit en ce qu’il propose et qui s’implique pleinement agit comme un catalyseur positif. À l’inverse, le doute, le langage flou ou les messages ambigus peuvent générer au mieux une diminution des effets attendus au pire des effets nocebo réels.

En somme, au-delà du geste, c’est l’intention perçue, la cohérence de notre discours et la qualité de notre présence qui renforcent l’impact de nos soins.

Les effets contextuels en kinésithérapie : un levier thérapeutique à part entière

L’attente du patient : pas un détail, un déterminant

Les attentes du patient modulent fortement l’effet thérapeutique. L’article rappelle que, même en l’absence de traitement actif, une attente positive peut suffire à induire une amélioration clinique. À l’inverse, une intervention perçue comme inutile ou menaçante risque d’être inefficace, voire délétère.

Il nous revient donc d’explorer ces attentes, de les valider quand elles sont constructives, de les ajuster quand elles freinent la progression, et surtout, de co-construire un cadre thérapeutique porteur de sens et de perspective.

5 leviers simples à mobiliser au quotidien

Voici quelques clés à appliquer en pratique clinique :

  • Être clair et structuré dans les explications données : la compréhension favorise l’engagement.
  • Créer un cadre rassurant, prévisible, sécurisant.
  • Impliquer le patient activement dans le processus décisionnel.
  • Vérifier les croyances, sans les juger, pour mieux les intégrer ou les corriger.
  • Valoriser l’alliance thérapeutique comme un outil de soin en soi.
Les effets contextuels en kinésithérapie : un levier thérapeutique à part entière

La note au TOP : “soigner”, ce n’est pas uniquement “technique”

Cet article nous pousse à voir notre rôle sous un autre angle : non pas uniquement comme des experts en mouvement ou en douleur, mais comme des vecteurs de contexte thérapeutique. La qualité de la relation, l’alignement entre ce que l’on dit et ce que l’on fait, la clarté de nos messages et l’attention portée au vécu du patient sont autant de leviers validés pour améliorer les résultats.

Intégrer les effets contextuels dans notre pratique quotidienne, ce n’est pas diluer la rigueur scientifique. C’est l’enrichir, en rendant notre intervention plus complète, plus humaine, et surtout, plus efficace.

Référence : D. Poulter at al. Contextual effects in musculoskeletal pain : are we overlooking essential factors ?. Front Psychologique. 2025

Pour développer vos compétences en communication, nous vous proposons de participer à la formation Communication au TOP