Capsulite rétractile : ce que les experts nous recommandent en 2025
La capsulite rétractile, ou « épaule gelée », reste une pathologie aussi fréquente que complexe à gérer. Elle déroute souvent les professionnels de santé par le tableau clinique inflammatoire qu’elle génère qui est difficile à gérer et provoque régulièrement de l’errance thérapeutique chez les patientes et les patients du fait de la douleur invalidante qu’ils subissent et de la lenteur de la récupération fonctionnelle.
L’étude Delphi internationale publiée en 2025 (Salamh et al.) propose un consensus d’experts qui clarifie plusieurs zones d’ombre : physiopathologie, facteurs de risque, diagnostic clinique et, surtout, stratégie de prise en charge.
Voici ce qu’un kinésithérapeute doit savoir pour optimiser sa prise en charge au cabinet.
Par Arnaud Van Marcke et Frédéric Srour.

Une physiopathologie à forte dominante biologique
Les experts s’accordent à placer les facteurs biologiques et métaboliques au cœur du déclenchement de la capsulite. Le diabète de type 1 ou 2, les dérèglements de la thyroïde, l’hyperlipidémie sont parmi les principaux facteurs de risque à investiguer. Cette vision semble confirmer l’idée selon laquelle la capsulite serait bien une affection à base inflammatoire-fibrosante, ancrée dans des dérèglements physio-pathologiques.
En parallèle, les éléments psychologiques et sociaux comme l’anxiété, la kinésiophobie ou la dépression ne sont pas considérés comme des causes directes, mais peuvent influencer le vécu de la douleur, la perception de la raideur et la persistance des symptômes. Ces éléments doivent donc être intégrés au raisonnement clinique et à la prise en charge.
D’autres facteurs tels qu’un antécédent de capsulite à l’épaule controlatérale ou le fait de se trouver dans un temps post-chirurgical doivent également être considérés
Le diagnostic : rigoureux, mais clinique avant tout

La capsulite reste un diagnostic d’exclusion : il est donc essentiel d’écarter d’autres diagnostics différentiels comme la rupture massive de la coiffe, une arthropathie gléno-humérale telle qu’une omarthrose, une pathologie neurologique périphérique ou une atteinte tumorale.
Le consensus d’experts recommande de s’appuyer sur les signes cliniques suivants :
- Une douleur d’apparition progressive présente au repos et exacerbée la nuit, parfois très vive en phase initiale.
- Une limitation des amplitudes en actifs et en passif, particulièrement marquée en rotation latérale, et majorée au fur et à mesure où l’on place l’épaule en abduction.
L’évolution de la capsulite se fait selon différentes phases avec un décalage souvent décrit entre la diminution des douleurs et la récupération de la mobilité.
Un détail utile : l’imagerie (IRM ou arthro-IRM) n’est pas recommandée, sauf par exemple en cas de suspicion d’une autre atteinte structurelle de l’épaule.
Une prise en charge selon la phase d’évolution
Le grand mérite de cette publication est de proposer des traitements validés en fonction de la situation clinique de la personne soignée ce qui permet d’éviter les errances thérapeutiques et les prises en charge inadaptées.
Phase douloureuse (précoce)
Phase de raideur (intermédiaire)
Phase de récupération des amplitudes (tardive)
Pour vous aider dans les conseils à apporter à vos patientes et vos patients et leur proposer des exercices adaptés consultez le livret capsulite.
Tips pour le cabinet
L’évaluation régulière du niveau de douleur et d’irritabilité permet d’ajuster l’intensité des étirements, des auto-étirements et des exercices actifs afin de ne pas majorer les douleurs.
Il convient également de préparer la personne soignée à l’évolution lente et souvent longue de la maladie dès le départ afin de ne pas favoriser le recours à des pseudo-thérapies qui promettent des traitements miraculeux et rapides. En effet, une capsulite peut durer en moyenne 12 à 18 mois et parfois bien plus.
L’éducation par une communication adaptée et motivationnelle permet de réduire le niveau de catastrophisme et peut permettre de limiter les effets nocebo voire l’abandon du traitement.
Il convient de ne pas sous-estimer l’impact psychologique de cette maladie et la fatigue émotionnelle ressentie qui peuvent parfois être à l’origine de colère, de désespoir voire de pleurs qu’il faut savoir gérer en tant que professionnel de santé.


Conclusion
Ce consensus d’experts est une ressource précieuse. Il permet de mieux comprendre, mieux diagnostiquer, et surtout mieux structurer la prise en charge de la capsulite rétractile. En mettant l’accent sur les déterminants biologiques, en clarifiant les modalités thérapeutiques en fonction des phases, et en écartant les pratiques peu soutenues scientifiquement, il donne au kinésithérapeute un socle robuste pour adapter sa pratique.
La clé, comme souvent : individualiser, adapter, communiquer, autonomiser et accepter que, parfois, ce n’est pas en forçant que l’on gagne en mobilité, mais en accompagnant patiemment un processus dont l’évolution naturelle est favorable.
La note au TOP
La capsulite nous donne une occasion idéale pour rappeler un principe de base de la kinésithérapie : nous ne traitons pas une pathologie, mais un patient ou une patiente.
La durée d’évolution de la maladie, son impact sur la vie privée et professionnelle, tant sur le plan physique que psychologique et social, sont autant de paramètres qu’il convient de prendre en compte lors de la prise en charge d’une personne atteinte de capsulite.
Bien que les facteurs psychologiques et sociaux ne semblent pas être prédictifs de l’apparition de la maladie, ils sont centraux tout au long de son évolution.
Dès lors, il convient de proposer et d’inciter les personnes atteintes de capsulite à pratiquer ou à maintenir une activité physique adaptée régulière telle que la marche prolongée ou le vélo d’appartement afin de solliciter le système aérobie qui peut permettre de diminuer le ressenti de la douleur. La sollicitation des membres inférieurs sous forme de squat à plus ou moins haute intensité peut également constituer une piste intéressante d’activité physique, notamment en phase précoce.
